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Un des événements qui ont marqué ces dernières semaines dans le beau pays des US of A, est le transport d’immigrants dans des états démocrates, comme le Massachusetts ou New York, par des gouverneurs des états républicains de la frontière mexicaine comme le Texas ou l’Arizona.
Comme les élections approchent, les Républicains tentent d’exciter leur base électorale en agitant la menace horrifique et imaginaire de hordes d’immigrants assoiffés de sang et d’allocations familiales qui assaillent les frontières. Il faut dire que la prise de position des élus républicains contre le droit à l’avortement menace une victoire qui s’annonçait facile. Il faut bien qu’ils trouvent un sujet où ils sont à l’aise, vu que les droits des femmes et des citoyens arc-en-ciel et l’environnement ne sont pas leur point fort.
Et on parle encore d’immigration
Comme à chaque fois dans ces déclarations hautement télévisuelles et promotionnelles, il y a une part de vraie. Les flux d’immigrants qui fuient des zones de combats, des pouvoirs totalitaires, la misère ou la violence quotidienne ne cessent de grandir. Le changement climatique qui va rendre inhabitables certaines zones de la planète va accélérer les situations dramatiques et les mouvements de population. Les lois sur l’immigration ne sont plus adaptées, les moyens ne sont pas suffisants pour aider les villes aux frontières, les tribunaux d’immigration sont saturés et les procédures légales pour obtenir des visas sont trop longues et trop chères pour réguler efficacement les arrivées des immigrés. L’immigration est un sujet délicat et sérieux. Comme à chaque fois, certaines personnalités politiques proposent de mauvaises réponses aux fausses questions qu’ils se posent pour faire peur aux électeurs et engranger des donations pour leurs campagnes électorales.
Ainsi, le gouverneur du Texas, Greg Abbott a trouvé le moyen d’attirer les caméras sur lui en envoyant par bus des familles à peine arrivées sur le territoire américain dans des fiefs démocrates comme Washington DC ou New York City. Depuis plusieurs mois, Abbott a envoyé plus de 10 000 personnes dans ces villes. Un des objectifs, en plus de sa promotion personnelle, est de mettre à l’épreuve les systèmes d’accueil de ces villes et de dénoncer la politique migratoire du président Biden.
Des « réfugiés comme armes »
On a vu dans le passé des pays utiliser la tactique des « réfugiés comme armes » (Refugees as weapons) pour déstabiliser des pays voisins. En 2021, le président de la Biélorussie, Aleksander Lukashenko, avait fait venir dans son pays des milliers de personnes en leur promettant une entrée dans la communauté européenne et les avait ensuite installés sur la frontière avec la Pologne sans nourriture et sans refuge pour forcer le gouvernement polonais à les accepter. Sans humanité ni scrupule, Aleksander Lukashenko a utilisé ces réfugiés pour se venger de l’Union européenne qui l’avait sanctionné pour ses actions autoritaires, la brutalité de sa répression, les fraudes aux élections et son manquement aux droits de l’Homme. De là à penser qu’un élu qui utilise des hommes et des femmes en situation précaire à des fins personnelles et comme « armes » politiques est un dictateur, en devenir serait non pas exagéré, mais plutôt raisonnable.
Récemment, le gouverneur de Floride, Ron DeSAnti, a fait transporter 50 personnes du Texas jusqu’à Martha’s Vineyard, une île chic et branchée près de la côte du Massachusetts. Il voulait démontrer que ces zones sanctuaires, où les services de police sont encouragés à ne pas reporter systématiquement les immigrés illégaux aux services de l’immigration, sont remplies d’hypocrites. Fox News était là pour filmer l’arrivée de ces familles vénézuéliennes, et se préparait à exposer les démocrates. Martha’s Vineyard ne disposant d’aucune structure d’accueil et comme aucun de ces représentants n’avait été prévenu, c’était le chaos assuré. C’est un peu comme si les élus Front National du Var envoyaient un avion chargé de demandeurs d’asile à l’île de Ré. Fox News, où la Bible n’est qu’un accessoire, est la machine télévisuelle de propagande du parti Républicain et des MAGAs (du slogan de Trump pendant les élections américaines de 2016 : Make America Great Again). Les journalistes de Fox New imaginaient la population horrifiée et paniquée par l’arrivée de ces immigrés hébétés largués sans explications sur leur petite île. A la grande surprise des journalistes de Fox News, les habitants de Martha’s Vineyard se sont rassemblés pour aider du mieux qu’ils le pouvaient ses familles en leur offrant un refuge pour la nuit. Par la magie de la télévision, ces images ont fait le tour des médias, mais pas de Fox News.
Toutefois, utiliser le désarroi de famille pour gagner des points aux élections ne passe pas très bien auprès des Démocrates et de tous ceux qui ont un minimum d’humanité dans leur cœur. Si les états de la frontière du Sud reçoivent des milliers d’immigrés tous les ans, ils n’y restent pas longtemps. Les états de New York, Californie, New Jersey ou Massachusetts ne sont pas en reste et en pourcentage de leur population, ils en ont même plus que ces deux états. Ensuite, les immigrés transportés par le gouverneur DeSantis étaient entrés légalement dans le pays. Ils étaient en attente de jugement pour leur demande d’asile politique. Les avocats des familles parlent de trafic humain et de procès. De l’autre côté de la table politique, le gouverneur est sur la sellette.
Plus de 12.000 dollars pour un billet d’avion et service première classe
Le gouverneur DeSantis était drôlement fier de son coup de pub. Il s’en est vanté devant toutes personnes qui avait un micro ou une caméra et a expliqué comment l’état de la Floride allait dédier 12 millions de dollars (pris dans la cagnotte réservée pour l’aide COVID19) pour transporter des immigrés dans les états sanctuaires comme la Californie, New York ou le Massachusetts. L’extrême droite américaine applaudit le coup de génie du gouverneur. Ses caisses de campagnes se remplissent. On ne parle que de lui. Il se voit déjà président des US of A.
Le gouverneur DeSantis a payé la modique somme de 615 000 dollars pour transporter ses familles en se servant largement dans la caisse de l’état de Floride. Le prix du billet d’avion a couté plus de 12 000 dollars par personne. Cela semble un peu cher pour se moquer des Démocrates. La prochaine fois, il devrait peut-être envisager d’effectuer une recherche sur Internet. Il y a des billets à moins de 300 dollars tous les jours. Est-ce que le fait que l’avion ait été fourni par une compagnie qui est aussi un soutien financier des républicains de Floride devrait éveiller des soupçons sur l’honnêteté de DeSantis ? C’est une question pour les contribuables de Floride.
On pourrait reprocher au gouverneur de dépenser l’argent public à des fins promotionnelles et que ces 12 millions pourraient être investi dans des politiques migratoires plus utiles, mais qui regarde cela dans l’univers apocalyptique des MAGAs ?
2,1 millions d’immigrés travaillent dans la chaine alimentaire, de la ferme à la table.
Voilà quelques chiffres qui pourraient faire réfléchir, les vrais et faux septiques :
2,1 millions d’immigrés travaillent dans la chaine alimentaire, de la ferme à la table.
73 % des employés agricoles aux USA sont d’origine étrangère.
50 % des ouvriers agricoles sont des immigrés entrés illégalement aux USA.
Entre 150 000 et 200 000 immigrés travaillent dans les fermes de Floride.
Comment ferait-on pour se nourrir dans le beau et grand pays des US of A sans immigrés ? On ne peut séparer la question des immigrés légaux ou pas de leur place dans la société.
Il y a la réalité des chiffres et la téléréalité. Entre fake news et effets de manches, le débat de l’immigration n’avance pas. Les immigrés, eux, continuent silencieusement de faire leur boulot en évitant le plus possible de se faire remarquer. C’est peut-être pour cela que l’on oublie trop souvent la place qu’ils prennent dans l’économie d’un pays.
FEG
In English
One of the events that have marked recent weeks in the beautiful country of the US of A, is the transport of immigrants to Democratic states, such as Massachusetts or New York, by governors of Republican states on the Mexican border, such as Texas or Arizona.
As the election draws near, Republicans are trying to excite their electoral base by waving the horrifying and imaginary threat of hordes of bloodthirsty immigrants craving for family benefits besieging the borders. For sure, the position taken by elected Republicans against the right to abortion threatens a victory that promised to be easy. They have to find a subject where they are comfortable since the rights of women and rainbow citizens and the environment are not their strong points.
And we still talk about immigration
As always, in these highly televisual and promotional statements, there is some truth. The flow of immigrants fleeing combat zones, totalitarian powers, misery, or daily violence continues to grow. Climate change, which will make certain areas of the planet uninhabitable, will accelerate dramatic situations and population movements. Immigration laws are no longer appropriate, the means are not sufficient to help the cities at the borders, the immigration courts are saturated, and the legal procedures for obtaining visas are too long and too expensive to regulate arrivals immigrants effectively. Immigration is a severe and delicate subject. As always, some political figures offer the wrong answers to the wrong questions they ask themselves to scare voters and collect donations for their election campaigns.
Thus, the governor of Texas, Greg Abbott, found a way to attract the cameras to him by sending families by bus who had just arrived on American soil to Democratic strongholds like Washington DC or New York City. For several months, Abbott has sent more than 10,000 people to these cities. In addition to his personal promotion, one of the objectives is to test these cities’ reception systems and denounce President Biden’s migration policy.
“Refugees as weapons”
In the past, we have seen countries use the tactic of “Refugees as weapons” to destabilize neighboring countries. In 2021, the President of Belarus, Aleksander Lukashenko, brought thousands of people to his country, promising them entry into the European community. Then he settled them on the border with Poland without food or refuge to force the Polish government to accept them. Without humanity or scruple, Aleksander Lukashenko used these refugees to take revenge on the European Union, which had sanctioned him for his authoritarian actions, the brutality of his repression, election fraud, and his breach of human rights. Likely, someone thinking that an elected official who uses men and women in precarious situations for personal ends and as political “weapons” is a dictator in the making would not be exaggerated but rather reasonable.
Recently, Florida Governor Ron DeSantis flew 50 people from Texas to Martha’s Vineyard, a chic and trendy island off the coast of Massachusetts. He wanted to demonstrate that these sanctuary zones -where police departments are encouraged not to report illegal immigrants to immigration services systematically- are full of hypocrites. Fox News was there to film these Venezuelan families’ arrival, prepared to expose the Democrats. Martha’s Vineyard has no shelter and since none of these representatives had been warned, chaos was assured. It is as if the elected Front National from the Var sent a plane loaded with asylum seekers to the island of Ré. Fox News, where the Bible is just a prop, is the television propaganda machine of the GOP and MAGAs (from Trump’s slogan during the 2016 U.S. election: Make America Great Again). Fox New journalists imagined the population horrified and panicked by the arrival of these dazed immigrants dropped without explanation on their tiny island. Much to the surprise of Fox News reporters, the residents of Martha’s Vineyard gathered to help these families as best they could by offering them shelter and food for the night. By the magic of television, these images circulated on all media, but not on Fox News.
More than 12,000 dollars for a first class plane ticket and service
Governor DeSantis was awfully proud of his publicity stunt. He bragged about it to anyone with a microphone or a camera. He explained how the state of Florida would dedicate $12 million (taken from the COVID-19 relief pool) to transport immigrants to the sanctuary states like California, New York, or Massachusetts. The American far right applauds the governor’s stroke of genius. His campaign coffers are filling up. We only talk about him. He already sees himself as the next president of the US of A.
However, using family disarray to gain election points does not sit well with Democrats and anyone with a minimum of humanity in their hearts. Although the southern border states receive thousands of immigrants each year, they do not stay there long. The states of New York, California, New Jersey, or Massachusetts are not left out, and as a percentage of their population, they even have more immigrants than these two states. Moreover, the immigrants transported by Governor DeSantis entered the country legally. They were awaiting a judgment for their request for political asylum. The families’ lawyers talk about human trafficking and lawsuits. On the other side of the political table, the governor is in the hot seat.
Governor DeSantis paid the modest sum of $615,000 to transport his families, drawing heavily from the state of Florida coffers. Airfare cost over $12,000 per person. It seems a bit pricey to poke fun at Democrats. Next time, maybe he should consider doing an internet search. There are tickets under $300 every day. Should the fact that the plane was provided by a company that is also a financial supporter of the Florida Republicans raise suspicion about DeSantis’ honesty? This is a question for Florida taxpayers.
One could blame the governor for spending public money on promotional purposes and that these 12 million could be invested in more helpful migration policies, but who looks at that in the apocalyptic universe of MAGAs?
Between 150,000 and 200,000 immigrants work on Florida farms
Here are some numbers that might make true and false skeptics think:
2.1 million immigrants work in the food chain, from farm to table in the US.
73% of agricultural workers in the United States are of foreign origin.
50% of farm workers are immigrants who entered the United States illegally.
Between 150,000 and 200,000 immigrants work on Florida farms.
How would we feed ourselves in the beautiful and large country of the US of A without immigrants? We cannot separate the question of immigrants, legal or not, from their place in society.
There is the reality of numbers and reality TV. Between fake news and grandstanding, the immigration debate is not advancing. On the other hand, immigrants silently continue to do their job, avoiding being noticed as much as possible. Perhaps that explains why we too often forget the place they take in our country’s economy.
FEG
Florence de Pont 
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